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dimanche 30 janvier 2022

Mégaporcherie: L’ÉTRANGE SUBVENTION À LA SURPRODUCTION (suite)

La peste porcine dite africaine, et les mises à mort «à titre préventif»¹ destinées à endiguer cette peste, en Chine, y décimèrent le cheptel. Mais des Chinois continuèrent à manger du porc, parce que la viande fut massivement importée. Et ce fut une «aubaine»² pour des producteurs en France.

Puis, afin que la production reprît en Chine, des mégaporcheries furent peuplées — notamment grâce à des porcs partis de Bretagne, «l’élite de la sélection génétique française»³, nous informait-on.

Cependant, «le cours du porc» n’ayant cessé «de grimper», cela donna «des idées à certains exploitants». Notamment à un producteur qui, quoiqu’il fût «déjà à la tête» de deux exploitations «dans les Côtes-d’Armor, d’où sortaient chaque année 36.000 cochons», fit construire «un nouveau bâtiment d’un hectare qui devrait accueillir pas moins de 7.000 porcs. Autant dire l’une des plus grandes exploitations d’Europe».

Or, avec la hausse de la production — grâce aussi à la «génétique française»³ — en Chine, fort logiquement, des Chinois ayant pu manger “leur” porc industriel, il y eut un «ralentissement (voire [un] arrêt) de la demande chinoise» de porc “français” de caillebotis. Ce qui, patatras! devait contribuer à un retour, en France, à la case SURPRODUCTION INDUSTRIELLE. Retour suivi d’un nouveau passage à la case DEMANDE DE COLLECTIVISATION DE PERTES…

Oui. Faute de quoi, bonnes gens, figurez-vous bien que, mêlé au fait qu’alimenter des myriades de porcs dans des hors-sol, ça coûte cher, ce pourrait être «l’arrêt de centaines d’élevages dans les deux ans à venir», des «élevages» dont «beaucoup» sont «familiaux» — notez bien: familial n’est pas l’antonyme d’industriel —, aussi aurions-nous rien de moins qu’un «problème de souveraineté alimentaire», si bien que, bonnes gens, il vous faudrait, il vous faut, vous devez absolument faire un autre «effort»: «acheter du porc» industriel produit en France! Encore!


Références:

¹ AFP, En Chine, la peste porcine fait s’envoler prix et importations, France 24, en date du 19 juillet 2019.

² AFP, Peste porcine: un Breton en Chine avec Emmanuel Macron pour défendre les intérêts de l’interprofessionFrance 3 Bretagneen date du 4 novembre 2019, mis à jour le 15/06/2020.

³ Bruno Van Wassenhove et Sarra Ben Cherifa, Brest: 2.000 cochons prennent l’avion pour la Chine, France 3 Bretagne, en date du 10 mars 2020, mis à jour le 2/10/2020.

 Boris Granger et Thomas Paga, Le porc breton en plein boom face à l’épidémie de peste porcine africaine, France 3 Bretagne, en date du 24 février 2020, mis à jour le 11/06/2020.

 VC avec AFP, Agriculture. Face à une “crise historique”, l’appel au secours de la filière porcine, France 3 Bretagne, en date du 26 janvier 2022.

 Aurélie Lagain, Crise porcine: les éleveurs demandent des aides directes, France Bleu Breizh Izel, en date du 26 janvier 2022.

 Sébastien Rigal, FAMILIAL n’est pas l’antonyme d’INDUSTRIEL, Causse durable, en date du 4 octobre 2013.

Et pour mémoire:

📌 L’étrange subvention à la surproduction porcine, Causse durable, en date du 15 mai 2015.

📌 Surproduction porcine: l’impôt finance LA CRISE SANS FIN, Causse durable, en date du 16 août 2015.

lundi 10 juillet 2017

Fermes-usines: des vétérinaires dénoncent la maltraitance systématique


«Les maltraitances perdurent dans l’élevage intensif, grâce à des vétérinaires silencieux Alors que l’élevage intensif est fréquemment sujet à débat, «la profession vétérinaire reste en marge, s’exprimant rarement et, le cas échéant, afin de maintenir le statu quo et préserver des profits».

Cependant, «un groupe grandissant de médecins critiques ose parler.» Plus de soixante vétérinaires «bienveillants», majoritairement néerlandais, ont signé une tribune publiée en juin 2017, dénonçant les abus généralisés dont ils sont témoins dans leur travail quotidien. Les présentes citations sont la traduction de leur avis (ici en néerlandais, et traduit ici en anglais par l’une des cosignataires de la tribune, la docteure Elena Nalon).

«L’animal est adapté à l’exploitation plutôt que l’inverse. Les animaux sont trop serrés, manquant d’un milieu intéressant, de distraction, aussi subissent-ils des mutilations douloureuses soi-disant “pour leur propre sécurité”. Certains de ces abus», comme la section partielle de la queue des porcs sur une base de routine, «bien qu’interdits par la loi, sont jugés nécessaires du fait des conditions de production.» La profession vétérinaire «facilite ou acquiesce» à cela, «parfois avec sa signature, mais plus souvent par son silence».

Pourtant, «en tant que professionnels, notre responsabilité est de défendre l’animal.» C’est pourquoi «NOUS NE DEVONS PLUS NOUS TAIRE, mais nous opposer aux procédés actuels impliquant des millions d’animaux casés, transportés et abattus dans des conditions inhumaines.

Le modèle néerlandais d’élevage intensif est fréquemment désigné tel un exemple pour le reste du monde. Toutefois, que les conditions d’élevage soient pires ailleurs n’est pas une raison de satisfaction. Des normes minimales pour la protection des animaux ne sont pas respectées dans nos élevages. En tant que “guides” et parce qu’ils sont l’un des plus grands producteurs, dans le monde, de viande et de produits laitiers, les Pays-Bas devraient s’efforcer d’être véritablement exemplaires en termes de bien-être animal et de durabilité.

C’est pourquoi NOUS APPELONS À UN CHANGEMENT FONDAMENTAL de notre modèle de production. Pour qu’il n’y ait plus de truies en cage de mise-bas, de cochons dont la queue est systématiquement raccourcie, sur du caillebotis, dans des fermes-usines. Qu’il n’y ait plus de vaches ne pouvant jamais élever leur propre veau ou paître l’herbe dans la prairie. Qu’il n’y ait plus de volailles arrivant à l’abattoir les ailes brisées. Qu’il n’y ait plus de transports sur de longues distances d’animaux vivants […]. Qu’il n’y ait plus de poignées de main au détriment du bien-être des animaux. Mais que les vétérinaires s’inquiètent avant tout des animaux. Car qui d’autre peut le faire, sinon nous, les vétérinaires?»

samedi 23 janvier 2016

La politique de la crise porcine

La “crise porcine” est un problème verbal. L’industrie porcine ne crise pas (sic). Elle surproduit; et ce, ordinairement. Cela ne marque pas une rupture avec son entreprise d’hier. Puissions-nous donner à écrire l’Histoire de la surproduction industrielle de matières animales à une truie de cage rescapée de l’abattoir, elle aurait une tonalité extrêmement misérable, en fait de “progrès” et de “conquête de marchés”. Une truie surproduit grâce à la génétique, et des truies qui surproduisent sont multipliées, tandis que le nombre d’ouvriers (qu’on appelle encore agriculteurs quoiqu’ils n’en soient pas dans les usines, y conditionnant, c’est-à-dire confinant, mutilant, médicamentant…), est réduit sans cesse grâce à l’automatisation et à la concentration de la surproduction. Le patron est satisfait: il a moins d’employés à rémunérer et plus de minerai porcin à vendre, à un prix plus concurrentiel que les usines moindres de ses concurrents. Jusqu’au jour où il perd, lorsque l’un ou l’autre de ses concurrents ont concentré davantage la surproduction d’autrui, exploité plus durement, détruit plus d’emplois d’ouvriers, et vendu moins cher du minerai porcin mieux “valorisé” par de trompeuses publicités. Tantôt l’un des patrons perd, tantôt l’autre. La plupart, ayant mis les pieds dans ce jeu d’argent, s’enfoncent dans la course au “moderne” gigantisme et ne cessent, ce faisant, de détruire des emplois, de gâcher des vies, de polluer l’environnement, tout en paraissant respecter à peu près la loi — qu’ils font largement. Cependant les contribuables sont contraints de financer des usines à gaz pour pérenniser un tel système et réduire un peu, en aval, la pollution et ses effets néfastes à la santé. Que les animaux aient une “vie” misérable dans les usines, que les ouvriers y soient usés, appauvris, ruinés, en soient privés d’emploi, tout ceci est non la crise, mais l’effet ordinaire de l’entreprise. Justement parce qu’il n’y a guère de patron qui crise vraiment (sic) et crée la rupture avec ce modèle débile, non pas de développement, mais de sous-développement. Des orateurs détournent l’attention: “C’est la faute de l’embargo russe!” Demain, n’en doutez pas, ce sera faute d’exportations destinées à la Lune!


dimanche 16 août 2015

Surproduction porcine: l’impôt finance LA CRISE SANS FIN

On ne reviendra pas ici en détail sur l’étrange subvention à la surproduction porcine qui dure depuis des années.

Sur ce, pourquoi payer plus cher la production des Caillebotis-sur-Lisier, qui demeure surabondante aux frais des contribuables? Il est juste logique qu’une COOPÉRATIVE de producteurs, la Cooperl, refuse de leur acheter le porc à moins bas prix, soit 1,40 euro le kilo de minerai — pardon, le kilo de viande de feu un vivant doué anonymement de sensibilité. Simplement parce que la Cooperl, dit-elle, n’a “pas vocation à financer un cours politique, pour tenir la tête hors de l’eau à une partie de la production française” [1]. Quoique l’impôt ait financé la Cooperl (135.000€ de-ci, 650.000€ de-là…) [2]. L’impôt sert surtout à mettre dans l’eau la tête de cette même partie de la production française. Encore que “la tête” soit un raccourci trop aimable, vu que des producteurs, moins nombreux chaque année, continuent d’aller dans le mur: c’est, pense-t-on, qu’il n’y a guère de chef pour leur éviter l’impact, et aux animaux une exploitation toujours plus industrialisée, autant dire une maltraitance qui ne fut jamais pire, quoiqu’elle s’accomplisse aujourd’hui sous le couvert de normes. Voyez donc Une “vie” de cochon.

Or quelle est la nouvelle option afin de continuer à projeter les surproducteurs contre le mur de LA CRISE SANS FIN?

L’option nouvelle, la voici. Elle est proposée par de “grands groupes de production” incitant, en Espagne, à “la transformation des installations de naissage-engraissement en sites de production de porcelets”. Entendez: des surproducteurs sont incités à se spécialiser davantage. À en croire, du moins, Antonio Tavares. Il préside le groupe de travail “viande porcine” du COPA-COGECA [3]. À ce titre, il est censé connaître de quoi il parle. Selon lui, un “élevage de 1.000 truies” naisseur-engraisseur, se spécialisant dans la production de porcelets, “peut recevoir 2.000 truies sans investissement dans le bâtiment et donc” sans avoir besoin de solliciter une autorisation d’agrandissement.

Mais qui, dès lors, engraisse les porcelets? Ceux-ci sont confiés à des agriculteurs, signant, nous dit Antonio Tavares, “des contrats d’intégration qui leur permettent d’investir dans des bâtiments.”

Et qui finance? “3.000 places d’engraissement coûtent 600.000€; LE PLAN DE DÉVELOPPEMENT RURAL permet d’espérer jusqu’à 50% de SUBVENTION, voire 60% pour les jeunes, dans les zones défavorisées”, poursuit Antonio Tavares.

Puis qu’obtenons-nous, ainsi, à la campagne? “3.000 places permettent d’engraisser 9.000 porcs/an, payés 10€/porc selon les termes du contrat”. Soit, de nouvelles usines d’animaux, où l’ouvrier y reçoit la matière animale, l’aliment, le mode d’emploi… Fichtre, quel dépérissement — en guise de développement rural — du savoir-faire AGRIcole!!

Cela n’empêche Antonio Tavares de considérer: ce “système est très simple et très efficace, il rassure les financiers. C’est sur ce modèle particulièrement rentable que l’Espagne a augmenté sa production et sa compétitivité.” [4]

Ouf! la belle affaire lorsqu’on a, grâce aux contribuables, la tête hors de l’eau! (des surproducteurs espagnols ayant, souvenons-nous, cette année encore, fortement sollicité des aides au stockage privé de la viande). Surproduire toujours plus, financé par l’impôt, revient donc à devoir exporter davantage, c’est-à-dire à aggraver au passage l’écart concurrentiel entre, par exemple, des surproductions françaises et des surproductions espagnoles.

Cela s’accomplit au nom même du libéralisme (c’est-à-dire de la LIBERTÉ d’entreprendre opposée à l’INTERVENTION de l’État), bien que soit sous-jacent l’exact contraire: la réduction de la liberté d’entreprendre (différemment au sein du processus d’accroissement de la surproduction industrielle), et la collectivisation des pertes (de marchés) et des coûts collatéraux (environnementaux, sociaux, et sanitaires).

Bref, très simplement et très efficacement, pour le profit de financiers, l’impôt finance LA CRISE SANS FIN. On n’a pas fini de nous pousser à manger du porc espagnol français industriel.


Références

[1] Le Monde, Une "table ronde" pour éviter une nouvelle crise dans la filière porcine, août 2015.

[2] Le Télégramme, Subventions. 135.000 EUR du Conseil régional pour la COOPERL Arc Atlantique, juin 2013. Et Libération, Les écologistes votent contre une subvention à la Cooperl, juillet 2010.

[3] Comité des organisations professionnelles agricoles, et comité général de la coopération agricole, au sein de l’Union européenne.

[4] PORC magazine, juillet-août 2015, n° 500, “En débat à l’assemblée générale de Prestor – Quelles perspectives pour le porc breton en Europe?”, pages 32 et 33.

lundi 13 juillet 2015

Le porc, pourquoi pas de MONTAGNE?

Connaissez-vous une industrie qui veuille pérenniser mais ne montrer son outil de travail aux consommateurs? son caillebotis sur du lisier, par exemple, sur lequel sont concentrés des milliers de porcs? non? Et connaissez-vous des garants de l’opacité, voulue par cette industrie? soit l’État, et la Commission européenne? non plus? Vous ignorez donc comment vous est vendu, en apparence, non de la viande de porc de caillebotis, mais du “porc de montagne”? Alors, s’il vous en dit d’être moins dupe à l’avenir, lisez cet article. (Nota bene: les cas exposés dans cet article sont présentés de façon anonyme, parce qu’il s’agit de dénoncer, non des exploitants pris dans un système, mais la tromperie du public développée par ce système.)


Si des industriels porcins abusent de masques, par exemple du mot montagne et de ce qu’il évoque au consommateur non averti, c’est qu’ils en ont le droit. Des portions d’un territoire départemental, en effet, malgré leur altitude inférieure à 700 mètres, sans une rudesse du climat qui raccourcirait la période de végétation, et sans une forte pente qui empêcherait ou rendrait plus onéreuse la mécanisation, furent pourtant classées par l’État comme des «zones défavorisées de montagne», ce qui ouvrit aux agro-industriels “montagnards” un droit à des aides financières beaucoup plus importantes, et une possibilité de vendre le produit comme venant de la montagne.

Nous avions d’abord découvert que des abattoirs jouissaient abusivement d’un classement en «zone de montagne». Tels, l’abattoir au chef-lieu d’un canton, à environ 179 mètres d’altitude; ou celui près le chef-lieu d’un département, à environ 537 mètres d’altitude. Abusivement, car, dans ces locaux industriels, il n’y a pas davantage de climat montagnard que de forte pente qui y rendraient difficile l’abattage des animaux.

Aussi, nous nous doutions que tel abattoir, prétendument montagnard, était alimenté en porcs de caillebotis, bien que ces caillebotis ne fussent, non plus, montagnards. Or nous n’avions aucune preuve formelle que du caillebotis, installé dans tel département — et ne différant guère du caillebotis d’un autre département — pouvait être considéré comme un terroir montagnard. La toute première preuve nous fut apportée par la demande d’autorisation d’un producteur, pour l’extension de sa porcherie industrielle: il indiquait expressément produire tous ses porcs sur du caillebotis, duquel les porcs n’étaient destinés à sortir que pour être abattus, après quoi une partie serait commercialisée en tant que «porc de montagne». Un service de l’État, dit autorité environnementale, ayant pourtant relevé qu’il s’agissait de «caillebotis intégral en béton», ne se formalisait pas que le béton pût être vendu en tant que terroir montagnard. Alors nous pûmes déduire que si l’autorité ne se formalisait pas de l’amalgame, c’est qu’il était tellement habituel qu’il n’était pas question, pour l’autorité, de remarquer l’abus… que tout un chacun devrait deviner sans problème?


La majeure partie de l’alimentation des porcs de caillebotis, non plus, n’a d’origine montagnarde. Il suffit de lire, dans des dossiers de demande d’autorisation, de quelle chimie les porcs de caillebotis sont précisément nourris; de lire entre les lignes, dans telle question posée à la Commission européenne, l’opposition d’industriels porcins à ce que l’alimentation des porcs de caillebotis “montagnards” provienne au moins à moitié de la montagne: parce qu’il serait simplement impossible que le sol montagnard, le vrai quand même additionné du faux, produise ne serait-ce que la moitié de l’alimentation nécessaire aux producteurs intensifs de porcs sur caillebotis. La supercherie était menacée. Mais la menace tomba vite. Le commissaire européen Dacian Cioloș proposa d’abaisser à 25% la part de l’alimentation qui viendrait effectivement de la montagne, dans le but, devenu si flou! d’informer le consommateur de la caractéristique prétendument montagnarde du produit soi-disant montagnard. Des industriels avaient fixé les moyens de l’exploitation, et veillaient à ce que personne ne contrariât leur «valorisation».

Voilà donc comment du porc de caillebotis est devenu du «porc de montagne». C’est-à-dire, voilà comment des concentrations industrielles, la destruction, par centaines de milliers, d’emplois d’éleveurs qu’ont causé depuis plus de quatre décennies, en France, ces concentrations sans fin de porcs enfermés au-dessus de leurs excréments, leur impact délétère sur la santé des animaux, sur l’environnement, la santé humaine et les finances publiques, ont été masqués joliment au chaland, entre autres par le mot publicitaire montagne et ce qu’il évoque, avec la permission de l’État et la complaisance de l’Union européenne.

Il faudrait n’avoir de cesse de remarquer qu’une telle opacité ne sert les mieux-faisants qualitativement, par exemple l’éleveur donnant vraiment à ses porcs une vie en plein air. Qu’une telle opacité française peut ruiner des savoir-faire familiaux étrangers, où de la matière porcine produite intensivement en France est exportée. Car les mots inappropriés de la mercatique, en nous permettant d’imaginer que lorsque nous achetons les productions animales de masse que ces mots recouvrent, nous favorisons ce qu’ils évoquent, peuvent nous faire ruiner précisément ce qu’ils évoquent, comme l’élevage familial mieux-faisant, près de chez soi.

Les consommateurs ont-ils le choix? Jocelyne Porcher remarquait en 2009 que «ni les consommateurs ni les animaux ne disent merci aux travailleurs des porcheries, bien au contraire. […] Les consommateurs n’ont clairement pas le choix. La consommation ne peut donc être perçue par les éleveurs comme un acte concret de reconnaissance du travail, comme cela peut être le cas pour des éleveurs bio.»* Mais si nous tombions les masques? Car, aussi absurdes que soient les masques d’industriels porcins pour l’intérêt général, il nous appartient de contribuer à ce déplorable carnaval, ou NON. Les masques tiennent, tant que nous le voulons bien.




SOURCES

– Témoignages d’élus, ainsi que de personnels de l’État.
– Dossiers de demande, au préfet, d’autorisation d’accroissement de production sur caillebotis.
– Avis d’autorité environnementale.
– Association nationale des élus de montagne (ANEM), ainsi que Légifrance, quant au classement «zone de montagne».
– Institut national de l’information géographique et forestière (IGN), quant aux altitudes et aux pentes.


RÉFÉRENCE

* Jocelyne Porcher, «Le challenge des Cochons d’Or. Un pilier défensif et un maître étalon de la filière porcine industrielle», Économie rurale, 313-314, septembre-décembre 2009, mis en ligne le 5 décembre 2011.


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lundi 29 juin 2015

Le masque LOCAL de l’industriel porcin

D’aucuns emploient des mots qui ont beau ne refléter une réalité, ces mots ont l’intérêt de la rendre acceptable voire louable auprès d’interlocuteurs crédules, ou qui acceptent de suivre la règle du jeu de la mercatique. Des mots tels qu’éleveur, local et proximité. Nous allons exposer ce que ces mots ne veulent pas dire. (Nota bene: le cas exposé dans cet article est présenté de façon anonyme, parce qu’il s’agit de dénoncer, non des exploitants pris dans un système, mais la tromperie du public développée par ce système.)


«La Région […] ne compte désormais plus que 600 éleveurs de porcs qui ne parviennent à produire que la moitié des besoins des transformateurs locaux […]. Cette situation de déficit par manque de production de proximité conduit à fragiliser toute la filière porcine régionale»

Voilà des propos d’un avocat, évoquant assez confusément le nombre amoindri:

— de producteurs industriels de matière porcine, dont est un GAEC (groupement agricole d’exploitation en commun, avec ses deux sites de production distants, leurs milliers annuels de porcs de caillebotis, et leur aliment dont la fabrication est gérée par informatique et la distribution automatisée [1]);

— et d’éleveurs de porcs les pieds sur terre, en plein air.

L’avocat ne remarque pas que sa confusion, masquant les concentrations industrielles, défavorise l’emploi d’éleveurs de porcs les pieds sur terre, en plein air. C’est étrange, parce qu’il semble déplorer, pourtant, le nombre amoindri d’éleveurs au sein d’une région.

Un tel raisonnement serait surprenant, s’il n’était éculé: puisque la demande de viande de porc, nous explique l’avocat, est supérieure à l’offre locale, cela fragilise le producteur local. C’est–à-dire que l’industriel vend tout son porc, mais, fragilisé de vendre tout son porc, il veut que la quantité à vendre, déjà fragilisante, soit plus conséquente.

La production de proximité est insuffisante, dit l’avocat. C’est-à-dire, voyez-vous ça? les voisins en redemandent! C’est une idée! C’est même plus qu’une idée. Cela participe d’une tactique médiatique, occultant, auprès du public qui ne consacre son temps à lire les dossiers proposés à la consultation, l’aspect industriel d’une production, avec des éléments de langage autrement évocateurs, comme petit, exceptionnel (voyez l’article Où le mot PETIT masque GRAND, et EXCEPTIONNEL le CAILLEBOTIS), famille (voyez FAMILIAL n’est pas l’antonyme d’INDUSTRIEL), ou encore éleveur, local, et proximité.

Les caractères génétiques, des porcs produits industriellement par le GAEC en question, ne semblent absolument pas locaux: ils seraient plutôt liés au programme d’auto-renouvellement de la Pig Improvement Company (PIC), et à des verrats FH Master 16. [2] Cela n’a rien d’étonnant. «En production porcine, la spécialisation des races conduit à la quasi-disparition des races dites locales et à une standardisation de la production». En 2010, «les souches industrielles, propriété des entreprises de sélection, et les races dites “classiques” utilisées pour la sélection», auraient représenté «99,85% du cheptel» français de truies. [3]

Le premier site naisseur et engraisseur, ainsi que le second site engraisseur, appartenant à l’industrie porcine en question, sont distants de près de 43 kilomètres.

Les tourteaux de colza et de tournesol, dont seraient alimentés les porcs de caillebotis du second site engraisseur, proviendraient des huileries SAIPOL, une filiale de Lesieur [4]; ce n’est guère plus local. Quant au reste de l’alimentation dont ont besoin des milliers annuels de porcs de caillebotis, il est permis de douter que la terre locale, malgré l’industrie agricole qui y est en cours, la produise à elle seule.

Local veut pourtant dire: «Qui appartient à un lieu»; et proximité: «Voisinage d’une chose à l’égard d’une autre» (Le Nouveau Littré). Voyons-y. Si la plupart des riverains se sont opposés à l’accroissement de la production de porcs de caillebotis en un lieu, ce doit être probablement parce qu’ils jugent inutile cette production de proximité.

L’avocat semble néanmoins confondre deux parties, en prenant le désir de la première pour une demande de la seconde: l’industriel porcin qui voudrait perdre sa fragilité en vendant plus de milliers de porcs aux voisins; et la plupart des riverains qui ne veulent pas davantage de porcs de caillebotis pour voisins, et donc dans leur assiette, si tant est qu’ils aient et qu’ils sachent avoir quelquefois de la viande des porcs du caillebotis local dans leur assiette, puisque l’étiquetage est si “informant” qu’il n’a pas un mot, PAS UN SEUL, pour désigner le caillebotis où que ce soit en France. Un voisin du caillebotis masqué localement, ne peut donc demander au supermarché: «Puis-je racheter de ce merveilleux porc de caillebotis masqué, s’il vous plaît?»

Il lui aura fallu rouler plusieurs kilomètres, pour trouver un premier magasin où des produits industriels sont amplement vendus. Car ce qui est local sous la plume de l’avocat est, dans la réalité, sans étalon local. Le voisinage, pour lequel le producteur dit pourtant produire, ne pourrait manger ses milliers de porcs de caillebotis annuels. Ou bien, absorberait-il ces quantités à indigérer des ogres, en crèverait-il. Ce qui ne serait pas sans arranger l’industriel, le débarrassant du même coup de ses voisins très bêtement opposés à l’accroissement de son altruiste production de proximité, de très recherchés porcs — de caillebotis masqué. Avec guère de voisins, soit guère d’acheteurs voisins, ne devrait-il en découler la pérennité de l’industrie porcine locale? (la fragilité venant, paraît-il, est-il besoin de le rappeler? de vendre tous ses porcs — de caillebotis masqué — fort appréciés des voisins).

Les porcs ne sont pas, non plus, abattus localement. Il n’y a aucun abattoir proche du caillebotis, et les porcs ne seraient pas descendus à l’abattoir le moins éloigné, à savoir un abattoir soi-disant “montagnard” (peut-être parce qu’il serait trop difficile de descendre des tonnes de porc de caillebotis vers la “montagne” de complaisance la plus proche). Les industriels porcins ont eu exprimé vaguement que les porcs sont abattus au chef-lieu du département. [5] Voyons: les porcs seraient dès lors transportés sur près de 66,8 kilomètres, pour être abattus à l’abattoir de leur groupement de producteurs, dans une zone industrielle “montagnarde”. Bref, l’abattage ne serait pas local, mais quelques “montagnes” bidon plus loin.

Donc, si nous ne mangeons guère localement le porc de caillebotis masqué, et si, non plus, on n’abat localement le porc de caillebotis masqué, qu’y fait-on ouvertement? Le porc de caillebotis y est-il ramené pour y être transformé? Dans l’affirmative, cela monterait le trajet local, depuis le départ du site naisseur, à près de 176 kilomètres; et, dans l’affirmative encore, le voisinage s’opposerait ainsi à son propre emploi en refusant l’extension des caillebotis masqués!!? Que le monde serait fou, décidément! si le voisinage était salaisonnier ou charcutier! Or, non, ni charcutier ni salaisonnier voisin des caillebotis masqués. Les industries destinataires seraient plus loin: Unetelle [6] sur la zone industrielle près de l’abattoir “montagnard” le moins éloigné mais qui, on l’a dit, n’abat nullement les porcs en question. Soit, pour ce seul exemple, un trajet du site naisseur vers le second site engraisseur, puis vers l’abattoir, puis vers le transformateur industriel, de près de 175 kilomètres. Auquel il faut ajouter notamment le transport de la marchandise vers les lieux de vente, et d’un lieu de vente jusque chez le consommateur, en somme des CENTAINES DE KILOMÈTRES au minimum, car la production d’un transformateur industriel n’est pas essentiellement destinée à être consommée localement.

Il a semblé vain de chercher auprès des industriels porcins la mesure complète de leurs “localité” et “proximité”, soit les destinations de leur production. Leur prise de parole lors d’un conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (CODERST), signifiait plus vaguement encore une participation «à l’activité des filières locales, des abattoirs locaux, des salaisonniers». [7]

À se demander pourquoi ce genre d’exploitation, fragilisée par la vente de tout son porc à proximité, eut sa «petite taille» vantée, pour vendre des tonnes de jambon, en des langues étrangères aux locaux!? «The small scale of the units», «Dank der geringen Größe der Zuchtbetriebe», «飼育規模が小さいこと»[8] Ainsi, local paraît pour le moins devenu, au fil de la route parcourue par des milliers de porcs ou leur viande, synonyme de mondial; proximité, d’éloignement; et avocat — d’un tel méli-mélo — je vous le laisse à penser…

Reste que l’État s’est satisfait de la confusion, lui qui classa «zone défavorisée de montagne» du plat caillebotis (environnement certes très pauvre), ainsi que l’abattoir industriel (labeur certes éprouvant).

Le masque serait drôle, s’il ne recouvrait tant de tragiques intérieurs.


RÉFÉRENCES

[1] Presse spécialisée; Résumé non technique produit par un groupement de producteurs, dans le cadre d’une demande d’autorisation d’accroissement de production hors-sol; et rapport d’un commissaire-enquêteur.

[2] Presse spécialisée.

[3] Jocelyne Porcher et Tiphaine Schmitt, «Les vaches collaborent-elles au travail?», Revue du MAUSS, 2010/1, n° 35, pages 235-261.

[4] Rapport d’un commissaire-enquêteur.

[5] Idem.

[6] Idem.

[7] Compte-rendu officiel d’un CODERST.

[8] Publicité via l’Internet, 2014.


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mercredi 29 avril 2015

COMMUNIQUÉ | Production de porcs: une nouvelle désignation pour masquer le pire?

Le caillebotis intégral sur lisier, sur lequel sont casés la plupart des porcs, est en passe d’être considéré, officiellement, comme une “Meilleure Technique Disponible” pour la protection de l’environnement. Des autorités françaises et européennes confondent ainsi le meilleur et le pire pour pérenniser un business as usual!

Le Collectif PLEIN AIR, ainsi que plusieurs organisations non gouvernementales (CIWF, France Nature Environnement…), sonnent l’alerte! Voici un DOSSIER COMPLET, afin de comprendre les tenants et les aboutissants du problème:

Collectif PLEIN AIR ❯ LE CAILLEBOTIS DANS LE “BREF” (document de référence européen).

dimanche 25 janvier 2015

PUB TROMPEUSE 1 – CONTRÔLE 0

Voici la suite de notre article Où le mot PETIT masque GRAND, et EXCEPTIONNEL le CAILLEBOTIS.

En France, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) est censée veiller à la composition et à l’étiquetage des produits alimentaires. “En matière de produits sous signes de qualité et de l’origine, elle exerce un contrôle de ces produits sur le marché pour en vérifier la conformité et VÉRIFIE LA LOYAUTÉ DE LA COMMUNICATION RÉALISÉE” [1]. Ah bon?

Contactée par le Collectif PLEIN AIR, la DGCCRF estime que le consortium du “Jambon de Bayonne” regroupe “des structures de production modestes et des structures plus importantes”. Pour autant, la publicité vantant “la petite taille des élevages” ne paraît pas déranger la DGCCRF, qui, en outre, justifie ainsi l’usage de la mention de “conditions d’élevage exceptionnelles”: le cahier des charges “impose des critères de sélection”. Et la DGCCRF de donner en guise d’exemple: des “carcasses d’animaux nourris durant l’engraissement avec un aliment concernant au moins 60% de céréales, issues et pois avec un minimum de 50% de céréales et issues de céréales” (sic) [2].

Sauf que, n’est-ce pas franchement étrange de confondre l’aliment — dont le critère est assez vague, au demeurant, — avec l’ensemble “des conditions d’élevage exceptionnelles”? Non, si nous regardons la fiche Jambon de Bayonne sur le site web de l’INAO, où le SEUL CRITÈRE spécifié du “mode de production”, concernant l’élevage, est celui-ci: “Porcs charcutiers engraissés avec un aliment contenant au moins 60% de céréales, issues de céréales et pois”. C’est tout de même excessivement court, pour justifier la publicité de conditions exceptionnelles… n’est-ce pas?

Mais voyez donc! Le peu de clairvoyance de la DGCCRF resplendira, mis à côté du courage, un peu plus élevé, de l’institut national de l’origine et de la qualité (INAO).

L’INAO, qui est un établissement public administratif, considère qu’en “l’absence de disposition dans le cahier des charges de l’IGP "Jambon de Bayonne", la taille des élevages n’est pas limitée et certains élevages […] ne peuvent pas être considérés comme de "petite taille". De ce fait, nous allons nous rapprocher de l’ODG [organisme de défense et de gestion “Consortium du Jambon de Bayonne”] de manière à ce que les modifications nécessaires soient apportées au site internet” [3]. La mention de “conditions d’élevage exceptionnelles”, elle, n’interpelle pas l’INAO.

Enfin, comble du courage ou débordée, la direction générale de l’alimentation (DGAL), également contactée, n’a toujours pas répondu…

Reste qu’encore aujourd’hui, alors que je finis de rédiger cet article, la publicité de “la petite taille des élevages” perdure, à la page une qualité certifiée

Bref, si le consommateur n’est pas pris pour dupe, je vous le demande, pour qui le prend-on? Et l’animal? l’animal dans tout ça?


Références

[1] Ministère de l’agriculture, Les modes officiels de valorisation des produits agroalimentaires, page 4 du PDF.

[2] Courriel en date du 7 janvier 2015 au Collectif PLEIN AIR.

[3] Courrier en date du 5 janvier 2015 au Collectif PLEIN AIR.

dimanche 11 mai 2014

La Montagne neuve de Monteyronnais - Conte


[…] il faudra faire des villes proportionnées à cette foule désœuvrée et déshéritée, qui n’aura plus rien à faire aux champs”.
EUGÈNE DELACROIX, Journal.
“La mort est depuis toujours dans l’ordre des choses; mais un peuple sans foi ne saurait se tenir debout.”
CONFUCIUS, Les Entretiens.
“Il n’est pas naturel que le but des Caillebotis soit la mort sans avoir vécu.”
COPAIN DU COCHON DE LA MERTAGNE, Paroles au coin du feu.

Les Douze Petits Cochons - Conte

Il avait fallu longtemps à Robin pour comprendre que le système de production intensive de minerai maltraitait à la chaîne des myriades d’animaux, tant de “belles” images publicitaires recouvraient de tristes réalités. Ce conte théâtral qu’il joua avec des Cailleboteux évadés, était le fruit édulcoré — pour ne choquer les plus jeunes spectateurs  de leur perception du système diabolique permis par le pédégé Truicatel, c’est-à-dire: par l’argent pris aux contribuables (obligés) et aux consommateurs (bernés). Le seul regret de Robin, avant sa mort, fut qu’on l’appelât “des Pouorcs”. Car il l’aurait voulu être des poules, des canards… de tous les animaux exploités contre leur nature. Il riait cependant. Il riait afin de ne pas pleurer. A-t-on jamais su combien la faible Médée, disant qu’elle voyait le bien, l’approuvait, et faisait nonobstant le mal par facilité, avait rendu si triste, au for de sa conscience, Robin des Pouorcs?