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lundi 30 janvier 2017

Les habitants des Caillebotis-sur-Lisier s’appellent…


En France, la plupart des porcs sont casés sur caillebotis intégral, sans paille. Est-ce parce que les normes minimales pour la protection des porcs y sont plus contraignantes qu’ailleurs?

Qu’en est-il en Suisse, par exemple? allons regarder!
«Je vois les cochons. Ils sont dans des boxes. Y a pas de paille. Ils se tiennent sur ce qu’on appelle des caillebotis. En ciment. Y en a… 2, 4, 6, 8… une quinzaine, une vingtaine par box. Ils sont serrés les uns contre les autres. Dans cette salle y a… une dizaine de boxes. Ça sent assez fort. […] Donc ces cochons n’ont rien d’autre à faire que de tourner en rond. De se respirer les uns les autres. Aucun objet, alors que la loi exige qu’ils aient une occupation, de la paille, et de l’eau pour boire.»
«Les caillebotis, c’est cette partie du sol qui est ajourée. Donc [à partir de] 2018 on a plus le droit d’avoir ça sur toute la surface. 
— Donc cette partie ajourée ça permet aux excréments de descendre dans la fosse à purin directement. 
— Voilà.»
«[…] si y a du caillebotis intégral, quel est le problème, pour le cochon? 
— Alors, […] comme il est juste au-dessus de la fosse à purin, y a des problèmes de gaz, y a des problèmes de courants, entre autres, et puis des problèmes de confort. 
— Parce qu’il doit marcher avec ses petits sabots sur un sol ajouré…»
Extraits de L’homme et le cochon, quel avenir commun? (1/5), diffusé en novembre 2016 dans l’émission “Vacarme” sur la Radio Télévision Suisse (RTS).

Après le 31 août 2018, le caillebotis intégral sera interdit en Suisse. Pas en France.

En Suède, «pays du bien-être animal» (dixit un reportage diffusé sur RFI), les cochons à l’engrais sont censés disposer de paille dans toutes les porcheries industrielles, où le caillebotis intégral est d’ores et déjà interdit.

«Les porcs doivent disposer d’un environnement correspondant à leur besoin d’exercice et à leur nature d’animal fouisseur», dixit la loi de l’Union européenne, considérant depuis longtemps que leur «bien-être semble être compromis en raison de l’espace très restreint dont ils disposent»… (directive 2008/120/CE du 18 décembre 2008, établissant les normes minimales relatives à la protection des porcs, huitième considération).

samedi 23 janvier 2016

La politique de la crise porcine

La “crise porcine” est un problème verbal. L’industrie porcine ne crise pas (sic). Elle surproduit; et ce, ordinairement. Cela ne marque pas une rupture avec son entreprise d’hier. Puissions-nous donner à écrire l’Histoire de la surproduction industrielle de matières animales à une truie de cage rescapée de l’abattoir, elle aurait une tonalité extrêmement misérable, en fait de “progrès” et de “conquête de marchés”. Une truie surproduit grâce à la génétique, et des truies qui surproduisent sont multipliées, tandis que le nombre d’ouvriers (qu’on appelle encore agriculteurs quoiqu’ils n’en soient pas dans les usines, y conditionnant, c’est-à-dire confinant, mutilant, médicamentant…), est réduit sans cesse grâce à l’automatisation et à la concentration de la surproduction. Le patron est satisfait: il a moins d’employés à rémunérer et plus de minerai porcin à vendre, à un prix plus concurrentiel que les usines moindres de ses concurrents. Jusqu’au jour où il perd, lorsque l’un ou l’autre de ses concurrents ont concentré davantage la surproduction d’autrui, exploité plus durement, détruit plus d’emplois d’ouvriers, et vendu moins cher du minerai porcin mieux “valorisé” par de trompeuses publicités. Tantôt l’un des patrons perd, tantôt l’autre. La plupart, ayant mis les pieds dans ce jeu d’argent, s’enfoncent dans la course au “moderne” gigantisme et ne cessent, ce faisant, de détruire des emplois, de gâcher des vies, de polluer l’environnement, tout en paraissant respecter à peu près la loi — qu’ils font largement. Cependant les contribuables sont contraints de financer des usines à gaz pour pérenniser un tel système et réduire un peu, en aval, la pollution et ses effets néfastes à la santé. Que les animaux aient une “vie” misérable dans les usines, que les ouvriers y soient usés, appauvris, ruinés, en soient privés d’emploi, tout ceci est non la crise, mais l’effet ordinaire de l’entreprise. Justement parce qu’il n’y a guère de patron qui crise vraiment (sic) et crée la rupture avec ce modèle débile, non pas de développement, mais de sous-développement. Des orateurs détournent l’attention: “C’est la faute de l’embargo russe!” Demain, n’en doutez pas, ce sera faute d’exportations destinées à la Lune!


dimanche 16 août 2015

Surproduction porcine: l’impôt finance LA CRISE SANS FIN

On ne reviendra pas ici en détail sur l’étrange subvention à la surproduction porcine qui dure depuis des années.

Sur ce, pourquoi payer plus cher la production des Caillebotis-sur-Lisier, qui demeure surabondante aux frais des contribuables? Il est juste logique qu’une COOPÉRATIVE de producteurs, la Cooperl, refuse de leur acheter le porc à moins bas prix, soit 1,40 euro le kilo de minerai — pardon, le kilo de viande de feu un vivant doué anonymement de sensibilité. Simplement parce que la Cooperl, dit-elle, n’a “pas vocation à financer un cours politique, pour tenir la tête hors de l’eau à une partie de la production française” [1]. Quoique l’impôt ait financé la Cooperl (135.000€ de-ci, 650.000€ de-là…) [2]. L’impôt sert surtout à mettre dans l’eau la tête de cette même partie de la production française. Encore que “la tête” soit un raccourci trop aimable, vu que des producteurs, moins nombreux chaque année, continuent d’aller dans le mur: c’est, pense-t-on, qu’il n’y a guère de chef pour leur éviter l’impact, et aux animaux une exploitation toujours plus industrialisée, autant dire une maltraitance qui ne fut jamais pire, quoiqu’elle s’accomplisse aujourd’hui sous le couvert de normes. Voyez donc Une “vie” de cochon.

Or quelle est la nouvelle option afin de continuer à projeter les surproducteurs contre le mur de LA CRISE SANS FIN?

L’option nouvelle, la voici. Elle est proposée par de “grands groupes de production” incitant, en Espagne, à “la transformation des installations de naissage-engraissement en sites de production de porcelets”. Entendez: des surproducteurs sont incités à se spécialiser davantage. À en croire, du moins, Antonio Tavares. Il préside le groupe de travail “viande porcine” du COPA-COGECA [3]. À ce titre, il est censé connaître de quoi il parle. Selon lui, un “élevage de 1.000 truies” naisseur-engraisseur, se spécialisant dans la production de porcelets, “peut recevoir 2.000 truies sans investissement dans le bâtiment et donc” sans avoir besoin de solliciter une autorisation d’agrandissement.

Mais qui, dès lors, engraisse les porcelets? Ceux-ci sont confiés à des agriculteurs, signant, nous dit Antonio Tavares, “des contrats d’intégration qui leur permettent d’investir dans des bâtiments.”

Et qui finance? “3.000 places d’engraissement coûtent 600.000€; LE PLAN DE DÉVELOPPEMENT RURAL permet d’espérer jusqu’à 50% de SUBVENTION, voire 60% pour les jeunes, dans les zones défavorisées”, poursuit Antonio Tavares.

Puis qu’obtenons-nous, ainsi, à la campagne? “3.000 places permettent d’engraisser 9.000 porcs/an, payés 10€/porc selon les termes du contrat”. Soit, de nouvelles usines d’animaux, où l’ouvrier y reçoit la matière animale, l’aliment, le mode d’emploi… Fichtre, quel dépérissement — en guise de développement rural — du savoir-faire AGRIcole!!

Cela n’empêche Antonio Tavares de considérer: ce “système est très simple et très efficace, il rassure les financiers. C’est sur ce modèle particulièrement rentable que l’Espagne a augmenté sa production et sa compétitivité.” [4]

Ouf! la belle affaire lorsqu’on a, grâce aux contribuables, la tête hors de l’eau! (des surproducteurs espagnols ayant, souvenons-nous, cette année encore, fortement sollicité des aides au stockage privé de la viande). Surproduire toujours plus, financé par l’impôt, revient donc à devoir exporter davantage, c’est-à-dire à aggraver au passage l’écart concurrentiel entre, par exemple, des surproductions françaises et des surproductions espagnoles.

Cela s’accomplit au nom même du libéralisme (c’est-à-dire de la LIBERTÉ d’entreprendre opposée à l’INTERVENTION de l’État), bien que soit sous-jacent l’exact contraire: la réduction de la liberté d’entreprendre (différemment au sein du processus d’accroissement de la surproduction industrielle), et la collectivisation des pertes (de marchés) et des coûts collatéraux (environnementaux, sociaux, et sanitaires).

Bref, très simplement et très efficacement, pour le profit de financiers, l’impôt finance LA CRISE SANS FIN. On n’a pas fini de nous pousser à manger du porc espagnol français industriel.


Références

[1] Le Monde, Une "table ronde" pour éviter une nouvelle crise dans la filière porcine, août 2015.

[2] Le Télégramme, Subventions. 135.000 EUR du Conseil régional pour la COOPERL Arc Atlantique, juin 2013. Et Libération, Les écologistes votent contre une subvention à la Cooperl, juillet 2010.

[3] Comité des organisations professionnelles agricoles, et comité général de la coopération agricole, au sein de l’Union européenne.

[4] PORC magazine, juillet-août 2015, n° 500, “En débat à l’assemblée générale de Prestor – Quelles perspectives pour le porc breton en Europe?”, pages 32 et 33.