Sauf que, dans le rapport d’information de Sylvie Goy-Chavent, on ne trouve nulle part, parmi ses 40 propositions, celle de “mentionner systématiquement le mode d’élevage”. Pas plus que dans la synthèse “destinée à faciliter la lecture et l’utilisation du rapport”.
Alors que la synthèse plaide pour “l’allègement des normes”, notamment par la mise en place d’une “procédure allégée d’enregistrement des élevages porcins jusqu’au seuil de 2.000 porcs” (proposition n° 17), les “nuisances de voisinage” sont évoquées au conditionnel: “l’élevage […] présenterait des nuisances de voisinage” (p. 5). L’ÉLEVAGE, c’est un sujet vague et noble. Cela évite de dire où, d’y aller sentir, et d’employer l’affirmatif si l’on est parvenu face à une activité d’engraissement intensif sur caillebotis, dont l’air des bâtiments n’est pas lavé avant son extraction, les fosses à lisier ne sont pas couvertes, et le lisier n’est pas épandu au plus près du sol. On nous vante les “services environnementaux considérables rendus par LES éleveurs”. DES éleveurs serait juste. Ou alors faut-il croire que l’engraissement sur caillebotis est de “l’entretien des paysages ruraux”… Pour mémoire, “90% des élevages” porcins, selon Sylvie Goy-Chavent, sont sur caillebotis, tandis qu’il est question du “bien-être” des porcs grâce à la SUPPRESSION DES CAILLEBOTIS dans un récent rapport de Marion Guillou à Stéphane Le Foll.
La dixième proposition rapportée par Sylvie Goy-Chavent, est d’“instaurer un étiquetage obligatoire de l’origine nationale pour les viandes brutes et transformées”. Mais qu’importe ce chauvinisme à l’époque où de mêmes gens plaident pour une politique européenne? il ne révélera pas les conditions d’engraissement! Ni l’indication obligatoire de “l’origine nationale de la viande servie sur les cartes des restaurants et en restauration collective scolaire” (proposition n° 26). Ni “le double étiquetage des prix” (proposition n° 28). Ni “le développement des signes de qualité et marques collectives à forte notoriété” (proposition n° 34). Ni l’aménagement de “l’étiquetage environnemental pour prendre en compte les bénéfices de l’élevage” (proposition n° 36). Car ce ne serait toujours pas “mentionner SYSTÉMATIQUEMENT le mode d'élevage”. Pourtant, serait-ce simpliste d’étiqueter “porc de caillebotis”, après qu’un porc a passé sa vie sur du caillebotis? Nenni, ce serait une simple vérité, plus vraie que toute autre indication d’origine.
Donc, telle est la question: comment des élus incitent-ils réellement l’Europe à un étiquetage obligatoire indiquant les conditions d’engraissement, quand le Sénat ne semble pas vraiment le lui proposer?

À lire à ce propos:
1) Pour un étiquetage de la viande et du lait qui indique les conditions d’engraissement des animaux