samedi 20 juillet 2013

Étiquetage de la viande: une information à côté de l’essentiel

Bonne nouvelle dans Le Monde: “mentionner systématiquement le mode d’élevage”, c’est ce que propose, entre autres, la sénatrice Sylvie Goy-Chavent “dans les conclusions qu’elle devait présenter, mercredi 17 juillet, au nom de la mission d’information dont elle était rapporteure”. Bref, “le Sénat incite l’Europe à mieux étiqueter la viande”.

Sauf que, dans le rapport d’information de Sylvie Goy-Chavent, on ne trouve nulle part, parmi ses 40 propositions, celle de “mentionner systématiquement le mode d’élevage”. Pas plus que dans la synthèse “destinée à faciliter la lecture et l’utilisation du rapport”.

Alors que la synthèse plaide pour “l’allègement des normes”, notamment par la mise en place d’une “procédure allégée d’enregistrement des élevages porcins jusqu’au seuil de 2.000 porcs” (proposition n° 17), les “nuisances de voisinage” sont évoquées au conditionnel: “l’élevage […] présenterait des nuisances de voisinage” (p. 5). L’ÉLEVAGE, c’est un sujet vague et noble. Cela évite de dire où, d’y aller sentir, et d’employer l’affirmatif si l’on est parvenu face à une activité d’engraissement intensif sur caillebotis, dont l’air des bâtiments n’est pas lavé avant son extraction, les fosses à lisier ne sont pas couvertes, et le lisier n’est pas épandu au plus près du sol. On nous vante les “services environnementaux considérables rendus par LES éleveurs”. DES éleveurs serait juste. Ou alors faut-il croire que l’engraissement sur caillebotis est de “l’entretien des paysages ruraux”… Pour mémoire, “90% des élevages” porcins, selon Sylvie Goy-Chavent, sont sur caillebotis, tandis qu’il est question du “bien-être” des porcs grâce à la SUPPRESSION DES CAILLEBOTIS dans un récent rapport de Marion Guillou à Stéphane Le Foll.

La dixième proposition rapportée par Sylvie Goy-Chavent, est d’“instaurer un étiquetage obligatoire de l’origine nationale pour les viandes brutes et transformées”. Mais qu’importe ce chauvinisme à l’époque où de mêmes gens plaident pour une politique européenne? il ne révélera pas les conditions d’engraissement! Ni l’indication obligatoire de “l’origine nationale de la viande servie sur les cartes des restaurants et en restauration collective scolaire” (proposition n° 26). Ni “le double étiquetage des prix” (proposition n° 28). Ni “le développement des signes de qualité et marques collectives à forte notoriété” (proposition n° 34). Ni l’aménagement de “l’étiquetage environnemental pour prendre en compte les bénéfices de l’élevage” (proposition n° 36). Car ce ne serait toujours pas “mentionner SYSTÉMATIQUEMENT le mode d'élevage”. Pourtant, serait-ce simpliste d’étiqueter “porc de caillebotis”, après qu’un porc a passé sa vie sur du caillebotis? Nenni, ce serait une simple vérité, plus vraie que toute autre indication d’origine.

Donc, telle est la question: comment des élus incitent-ils réellement l’Europe à un étiquetage obligatoire indiquant les conditions d’engraissement, quand le Sénat ne semble pas vraiment le lui proposer?




À lire à ce propos:


2 commentaires:

  1. Verbatim: UN PROBLÈME DE QUANTITÉ ET DE QUALITÉ

    “M. Georges Labazée [sénateur des Pyrénées-Atlantiques (Aquitaine)]. - […] Dans les Pyrénées-Atlantiques, le jambon de Bayonne est produit à dix kilomètres de chez moi. […] On ne produit pas suffisamment pour satisfaire la demande de jambon de Bayonne. On sait très bien qu’entre minuit et demie et une heure du matin, le dimanche, arrivent les jambons de Navarre qui sont transférés sur les lieux de séchage…

    M. Jean-Jacques Mirassou [sénateur de la Haute-Garonne (Midi-Pyrénées)]. - Ils n’ont pas droit à l’appellation s’ils n’ont pas été produits en France…

    M. Philippe Lecouvey [directeur général de l’Institut français du porc (IFIP)]. - La zone de production du jambon de Bayonne regroupe une quinzaine de départements du sud-ouest, jusqu’en Poitou-Charentes. Sa fabrication doit avoir lieu dans le pays de l’Adour. Se pose un problème de quantité et de qualité, en matière de jambons en général. […] L’IFIP a engagé de grands programmes impliquant des aspects génétiques, sur le porc gourmet, pour redonner du goût à certains produits. Même pour le jambon de Bayonne, je mets en garde contre le standard. […] Nous travaillons sur le goût et la recherche de valeur. Nous n’avons pas été capables de valoriser la filière bio que j’ai lancée il y a quinze ans. Pourtant, les industriels veulent du jambon bio.”


    Source: mission commune d’information (MCI) sur la filière viande en France et en Europe: élevage, abattage et distribution, à cette adresse réticulaire:
    http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20130513/mci_viande.html

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  2. SANS RÉPONSE

    Leila Aïchi, sénatrice de Paris, et Brigitte Allain, députée de la Dordogne, ont rencontré le 6 septembre Tonio Borg, commissaire européen à la santé et à la protection des consommateurs. “Elles ont notamment insisté sur […] l’obligation d’identifier le mode d’élevage des animaux”, mais sont “sans réponse”. (Communiqué de Leila Aïchi et de Brigitte Allain, en date du 6 septembre 2013.)

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